FONDS VERSINI.

Un projet de valorisation d’archives de chercheur

Le fonds Laurent Versini (LV), acquis par la MSH Lorraine en mai 2022, fait l’objet d’une démarche de valorisation, dans le cadre d’un « projet de valorisation non économique » soutenu par le Conseil scientifique de l’Université de Lorraine. Dénommé « LIVE ECS » (Libri Versini Eighteenth Century Studies), ce projet a pour objectif la mise en visibilité des archives de la recherche en vue de leur exploitation scientifique. Il est en phase avec le programme d’archivage des savoirs du consortium Collex-Persée 2 et dialogue avec d’autres projets similaires en France. Il s’inscrit dans la démarche de science ouverte.
Grâce au soutien apporté au projet, l’inventaire de la bibliothèque a pu être réalisé en totalité. L’inventaire des archives est en cours de finalisation.
Le fonds est conservé à Nancy, dans la bibliothèque de la MSH (23-25 rue Baron Louis, 1er étage) et dans le bâtiment Libération (91 av. de la Libération, 3e étage) pour les sections D2-1, D2-2 et D4.
Toute demande de communication doit être adressée à M. Nicolas Brucker (nicolas.brucker@univ-lorraine.fr). Prière d’utiliser le formulaire joint. Une réponse sera donnée dans un délai de 15 jours.
LIEN VERS LE FORMULAIRE

Qui est Laurent Versini ?

Laurent Versini est né en 1932 à Paris et décédé en 2021 dans la même ville. Il est le fils de Louis Versini, ancien élève de l’Ecole Normale Supérieure, professeur agrégé des Lettres, et le petit-fils de Raoul Versini, lui aussi ancien de l’ENS, agrégé des Lettres, inspecteur d’Académie, puis directeur du petit lycée Condorcet. Sa brillante scolarité le mène, après Janson-de-Sailly, au lycée Louis-le-Grand, où il prépare le concours de l’ENS. Il intègre l’Ecole en 1953. Agrégé des Lettres en 1956, il prépare un D.E.S. sous la direction de Jean Fabre, professeur à la Sorbonne, qui lui propose de se lancer dans une thèse de doctorat d’Etat portant sur « Laclos et la tradition ». Il est nommé assistant à Nancy en 1957. Il y restera près de trente ans. Durant son séjour nancéien, il soutient sa thèse en 1967, dont il tire un livre (Laclos et la tradition, essai sur les sources et la technique des Liaisons dangereuses, Paris, Klincksieck, 1968, 793 p.). Il devient professeur en 1968, et, malgré son jeune âge, est élu doyen l’année suivante. En 1971, il est l’organisateur à Nancy du 3e Congrès de la Société Internationale d’Étude du Dix-Huitième Siècle. Membre de l’Académie de Stanislas dès 1971, dont il devient titulaire en 1974, il s’est montré très actif au sein de cette compagnie. Il est nommé à la Sorbonne en 1985, où il reste jusqu’en 1997, date à laquelle il achève sa carrière. Il a été fait chevalier de l’ordre national du Mérite en 1970, commandeur de l’ordre des Palmes académiques en 1995, chevalier de la Légion d’honneur en 2004, décoration remise à Nancy par André Rossinot.

De son mariage avec Huguette Gradit, professeure d’espagnol, il a eu deux enfants, Hélène et François, qui tous deux ont suivi la voie des sciences formelles, l’un comme professeure agrégée de mathématiques, l’autre comme ingénieur en informatique

Par son enseignement et sa recherche, il s’est signalé comme un spécialiste reconnu de la littérature française du 18esiècle. Citons ses auteurs de prédilection : Robert Challe, Montesquieu, Charles Duclos, Crébillon fils, Stanislas Lezczynski, Denis Diderot, Choderlos de Laclos et François de Wendel. Ses publications sont nombreuses : articles et chapitres (60), monographies (6), directions d’ouvrages (6), éditions (13), notices de dictionnaire. Certaines sont devenues des classiques, tel Le roman épistolaire (PUF, 1979), plusieurs fois réédité. Son édition des Œuvres complètes de Laclos dans la collection de la « Pléiade » (1979) a fait date. Celle de Diderot chez Bouquins, en 5 volumes (1994-1997), destinée à un large public, est, aujourd’hui encore, la plus utilisée. Des prix ont distingué certains ouvrages, ainsi de Diderot alias Frère Tonpla (prix Saillet de l’Académie des Sciences morales et politiques) ou Baroque Montesquieu (prix Louis Desgraves de l’Académie nationale de Bordeaux). Son activité éditoriale, comme directeur de collection aux Presses Universitaires de Nancy, membre de divers comités de rédaction de revues, initiateur d’ouvrages collectifs ou éditeur scientifique d’œuvres du 18e siècle, est considérable. Un volumineux recueil de mélanges, publié en son honneur sous le titre Littérature et séduction (Paris, Klincksieck, 1997), témoigne de la place qu’il a occupé dans le champ.

Son activité académique s’est étendue à des responsabilités nationales. Il a présidé la 9e section du Conseil National des Universités. Il a été membre de plusieurs instances nationales, notamment le Comité national du CNRS, et a été expert auprès de la Mission scientifique du Ministère et du Comité National d’Évaluation.

La Bibliothèque

La bibliothèque, forte de ses 4000 volumes, fait partie intégrante du fonds. Elle est indissociable des dossiers d’archives, et doit s’étudier en correspondance avec eux. Les livres portent pour la plupart des marques de propriété ou de don. Les signatures, ex-libris ou dédicaces se comptent par centaines. Certains ouvrages sont datés ou annotés. D’autres contiennent des lettres. D’autres encore des fiches couvertes de notes.

Cette bibliothèque est pour partie familiale. On trouve 230 livres ayant appartenu à la grand-mère maternelle Suzanne Mercet (1869-1959), qui fut vice-présidente des Amis de la Bibliothèque de Versailles et amie de Georges de Porto-Riche. On trouve aussi de nombreux livres portant l’ex-libris de Louis Versini (1895-1951). Son épouse Camille Forichon (1899-1994), historienne de l’art et spécialiste de Louis Anquetin (1861-1932), a laissé plusieurs ouvrages de sa plume. Son beau-frère Georges Versini (1898-1990), ancien élève de l’ENS et agrégé des Lettres, figure également dans le catalogue, ainsi que son père Raoul Versini (1870-1939) et sa fille Marie Versini (1939-2021), comédienne qui fit carrière en Allemagne, et s’illustra comme Nscho-tschi sœur de Winnetou, le héros apache des romans de Karl May, adaptés au cinéma par Harald Reinl. Les livres de prix, remis à Louis, Georges, Jeanne ou Laurent Versini, témoignent de l’excellence des études secondaires effectués par ces deux générations d’élèves studieux.

La bibliothèque personnelle de Laurent Versini s’est formée dès le début des années 1950 : les dates systématiquement apposées sur les pages de garde permettent d’en suivre la constitution. Ces ouvrages reflètent l’état de la recherche en littérature dans les années qui précèdent la vague de la Nouvelle critique. Elles témoignent aussi de la formation intellectuelle du jeune universitaire. Suivront de nombreuses acquisitions : livres anciens d’une part – notamment Crébillon (7 vol. in-12), Marivaux (7 vol. in-12), Prévost (36 vol. in-8), Voltaire (15 vol. in-4), Rousseau (12 vol. in-8), Bernardin de Saint-Pierre (10 vol. in-8), Dictionnaire de Moreri (10 vol.), Dictionnaire de Trévoux (5 vol.) ; livres contemporains d’autre part – collections universitaires, « Bibliothèque de la Pléiade » ou livres de poche. La part du 18e siècle, que ce soit pour les auteurs ou les études sur la période, domine très largement. Cela s’explique par la spécialité de recherche et d’enseignement de LV. A cela s’ajoute une particularité régionale : le séjour de trente ans à Nancy se traduit par la présence d’un intéressant fonds lorrain.

Une impressionnante collection d’ouvrages d’auteurs grecs et latins (coll. « Guillaume Budé », éd. Les Belles Lettres) – environ 280 volumes – témoigne de la culture classique de ces professeurs de Lettres. Si la plupart ont appartenu à Louis Versini, un certain nombre ont été achetés par Laurent Versini. Parmi les périodiques, deux titres retiennent l’attention : la Revue d’Histoire Littéraire de la France, complète depuis 1928, et dans laquelle Laurent Versini a régulièrement publié ; les Travaux de Littérature, revue que Laurent Versini a contribué à fonder et pour laquelle il a dirigé des numéros thématiques ou écrit des articles. A côté de ces revues bien diffusées, figurent des publications plus confidentielles, des Bulletins d’amicales ou de petites sociétés savantes, parfois disparues.

Plusieurs centaines de tirés-à-part complètent cet ensemble. Ils témoignent d’une pratique aujourd’hui révolue : l’envoi par courrier postal à un collègue universitaire d’un article récemment paru. Chaque tiré-à-part est personnalisé par une mention manuscrite d’hommage. La collection réunie est un reflet fidèle du réseau des chercheurs en lien régulier avec Laurent Versini.

LIEN VERS LE CATALOGUE

Les archives

Les archives sont constituées de dizaines de pochettes confectionnées par Laurent Versini, et qui correspondent tantôt à des préparations de cours, tantôt à des préparations d’articles. Un classement par auteurs permet de s’orienter facilement. Des entrées génériques ou thématiques, plus transversales, figurent également. Les fiches réalisées en vue de la thèse d’Etat ont été conservées dans leur boitiers d’origine. Les ouvrages et éditions de Laurent Versini sont aussi l’objet de dossiers : ceux-ci contiennent des coupures de presse, des recensions, des listes de personnes à qui envoyer des exemplaires. Les épreuves de certains ouvrages ont été conservées. Les affaires éditoriales sont précisément documentées : contrats et correspondances avec les éditeurs permettent de retracer l’histoire de chaque publication, de sa conception à sa diffusion.

Une autre section comprend des dossiers portant sur les affaires académiques, les missions, rapports d’évaluation, rapports de thèse, conférences et colloques, sociétés savantes, amicales, événements solennels et allocutions, prix et honneurs. Tout un dossier est consacré à Mai 1968 : photos, pétitions, motions et coupures de presse documentent ce temps fort de la vie universitaire nancéienne. Parmi les missions réalisées dans les années 1970, on retiendra le Brésil et la Pologne. Les solennités nancéiennes (hommage à Jean Mourot) ou parisiennes (hommage à Frédéric Deloffre) sont bien documentées. On trouve de nombreux programmes de cours (affiches grand format). Les sociétés savantes et amicales d’anciens sont représentées, notamment l’Académie de Stanislas, l’ADIREL, l’amicale des anciens élèves de l’ENS.

Les congrès et colloques occupent une part majeure dans cet ensemble. Citons les congrès de la Société Internationale d’Etude du Dix-huitième Siècle, particulièrement celui qui s’est tenu à Nancy en 1971, ou les congrès des Lumières qui se sont tenus en Europe de l’Est (Matrafüred, Hongrie). Les colloques ou conférences sont consignés dans des pochettes contenant, outre des éléments de préparation scientifique, toute une documentation touristique liée au lieu du séjour.

Les dossiers concernant les thèses dirigées sont classés par noms de doctorants et contiennent des travaux et des correspondances.

Une section regroupe enfin les documents personnels, touchant l’histoire familiale (documentation généalogique), certains ascendants (notes de cours de Louis Versini), le curriculum vitae de Laurent Versini (scolarité, titres et diplômes, cahiers de cours, agendas, listes de publications, photographies) et une correspondance à caractère professionnelle.

Lien vers le fichier : Inventaire Fonds Versini MSHL (1)
Lien vers le Plan de classement : Nouveauplan_fondsLV (1)

L’exposition

   

Une exposition « Laurent Versini, l’esprit et la lettre » a été réalisée en 2024. Elle se présente sous la forme de dix posters 84×120 retraçant les grandes étapes de la vie de Laurent Versini et les points forts de sa carrière tels que le fonds les illustre.

Elle est disponible en cliquant ici.

Elle peut être accompagnée de documents en prêt.

Lien vers la vidéo de la Journée d’étude du 19 juin 2024 sur Vidéothèque UL.

Vidéothèque de l’UL – Archiver La Recherche : Autour De Laurent Ve…