Axe 3 – Normativités et sociétés en transition

L’axe 3 interroge les normativités à l’œuvre dans les sociétés en transition, marquées par un pluralisme des valeurs et une hétérogénéité des normes, notamment juridiques. Ces normes sont appelées à accompagner les mutations de la société mais peuvent aussi se révéler contradictoires et sources d’incompréhension. Deux volets principaux structurent cette réflexion : les représentations des fondements normatifs de l’intervention publique et les conflits de normativité.

Le premier volet de cet axe explore la diversité des modèles justifiant l’intervention publique face aux enjeux de transition (climat, numérique, biodiversité). À l’opposition classique entre État et marché, succèdent de nouveaux modèles : paternalisme, coopérativisme, épistocratie, pluralisme institutionnel, ou encore retour de la planification. La question centrale est de savoir si cette pluralité marque la fin du modèle libéral régulateur des années 1980 ou s’il s’agit d’un épiphénomène. Les transitions, comme le Green Deal européen, soulèvent des défis de justice internationale, notamment entre Nord et Sud global. Les inégalités historiques et économiques compliquent la coordination mondiale, d’autant que les mécanismes existants (ONU Environnement) peinent à répondre aux enjeux locaux et globaux. La transition écologique interroge aussi les modèles démocratiques et la place de l’expertise dans la décision.

Le deuxième volet analyse les effets des transitions sur les normativités, en particulier juridiques. Les transitions révèlent des tensions, des conflits, mais aussi des interactions entre normes. L’étude porte sur trois objets liés : les normes juridiques, les récits du droit et les usages du droit par les acteurs. Trois questions majeures sont abordées, travail, propriété et santé. D’abord, les liens entre travail et écologie sont interrogés. Au-delà de la responsabilité sociale des entreprises, il s’agit d’explorer l’émergence d’un possible « droit du travail écologique », en intégrant les acteurs du travail et les enjeux de gouvernance. Ensuite, les rapports entre propriété et transition. La tension entre le modèle classique de propriété privée et les transitions sont étudiées. En effet, la question des communs est aujourd’hui revisitée, que ce soit dans le numérique comme dans les questions écologiques et questionne les fondements de la propriété. Enfin, les rapports entre santé et environnement font l’objet d’un dernier thème. La prise de conscience de l’interdépendance du vivant redéfinit la santé et la justice climatique, intégrant les risques environnementaux dans une approche globale

Ces travaux, combinant approches analytique, théorique et empirique, visent à éclairer les recompositions du droit et des normativités face aux transitions. Ils soulignent l’importance de penser conjointement ces enjeux pour élaborer de nouveaux récits adaptés aux défis contemporains.