Salima Tenfiche (Université de Paris, CERILAC), La place des femmes dans le cinéma algérien contemporain, un indicateur d’affranchissement vis-à-vis de l’Etat.

Résumé de la communication:

Après plus de vingt ans de silence, le cinéma algérien refait surface depuis une dizaine d’années sur la scène internationale à travers des films ancrés dans le présent qui se distinguent des épopées de glorification nationale financées par l’État, tournées vers le passé. Parmi ces films dits « indépendants » de la tutelle du régime autoritaire algérien et de la censure, de plus en plus de femmes se sont imposées dans le paysage cinématographique algérien, en tant que réalisatrices, productrices et formatrices aux métiers du cinéma. Mais qu’en est-il des métiers techniques du cinéma ? Existe-t-il des ingénieures du son, des cheffes-opératrices, des monteuses, des étalonneuses en Algérie ? Quelles sont les conditions d’accès des femmes aux métiers du cinéma, dans une société où les femmes pourtant davantage diplômées que les hommes ne jouissent pas de leur entière autonomie et sont soumises au Code de la Famille qui les astreint à un statut de « mineure à vie » ? En quoi la cinéaste, productrice et formatrice féministe Habiba Djahnine joue-t-elle depuis une quinzaine d’années un rôle central dans l’accès des femmes aux métiers du cinéma en Algérie ?

Notice biobliographique :

Diplômée en lettres modernes et en sciences politiques, Salima Tenfiche est doctorante et chargée de cours en études cinématographiques à l’Université de Paris. Sous la direction de Jacqueline Nacache, elle rédige une thèse sur le cinéma algérien contemporain sous le régime de Bouteflika. Selon une approche esthétique et politique, elle s’intéresse au renouvellement des formes filmiques algériennes et aux dynamiques transnationales de co-production comme processus de démocratisation de la fiction nationale post-coloniale. Elle est notamment l’auteure du chapitre « La Colline oubliée, une pastorale contemporaine berbère », in Daniela Merolla, Kamal Naït Zerad et Amar Ameziane (dir.), Les Cinémas berbères. De la méconnaissance aux festivals nationaux, Paris, Éditions Karthala, 2019, pp. 181-206 ; de l’article « Passé glorieux contre mémoire interdite : deux cinémas algériens antagonistes », revue Écrire l’histoire, n°19, CNRS Éditions, décembre 2019, pp. 213-219 ; et du chapitre « Les festivals de cinéma en Algérie depuis 2003, espaces éphémères de la relance cinématographique. », in Claude Forest (dir.), Festivals de cinéma en Afriques francophones. Fonctionnement, perception et enjeux contemporains, Paris, L’Harmattan, février 2020.