Ons Kamoun (ESAC/IRMC, Tunis), Kahena Attia, un combat pour une inaltérable intelligence du montage

Résumé de la communication:

Kahena Attia est une figure éminente des cinémas tunisien, africain et arabe. C’est l’une des premières monteuses formées à l’IDHEC de Paris et diplômées en 1968 et qui, avec leur retour au pays, ont pu ancrer la capacité d’agir des femmes dans les filières au point de transformer la création cinématographique tunisienne. Dans ce texte, elle nous achemine, à travers sa production discursive de forme narrative, de l’histoire personnelle vers celle de la filière du montage en particulier et des cinémas du sud dans leur globalité. À partir d’une expérience endogène, elle insiste sur l’intelligence du montage en tant qu’écriture, amenée par le cinéma d’auteur, reléguant ainsi la notion de « couturières du cinéma » introduite par le cinéma hollywoodien et qui engage les femmes dans le cadre de travaux où elles n’étaient que subalternes, « des petites mains avec de grands ciseaux », au temps où les réalisateurs et les producteurs étaient maitres absolus de la situation. Néanmoins, même si les milieux professionnels qu’elle a fréquentés, en France, en Algérie, puis en Tunisie présentent des configurations différentes sur la base du genre, ils attestent tous d’une réalité commune : les femmes monteuses préfèrent intégrer les institutions pour jouir du confort de la stabilité. Mais Kahena Attia fait un autre choix et préfère « rester libre » pour échapper à toute forme d’aliénation. Aujourd’hui, avec le changement des mécanismes de la production, elle fait le constat d’une régression qui s’installe et d’un étrange retour au « stade de la couturière ».

 

Notice biobliographique :

Ons Kamoun est cinéaste-chercheure, Maitre-assistante à l’Ecole supérieure de l’audiovisuel et du cinéma de Gammarth et Docteure en Cinéma, diplômée de l’Université de Toulouse Jean-Jaurès. Son premier long-métrage TRAVELLING (2017) raconte son parcours d’enseignante de cinéma dans le sud tunisien. Elle a enseigné à l’ISAM de Gabès, où elle a produit une centaine de courts-métrages pour ses étudiants ainsi que l’Anthropologie « audiovisuelle » à l’ISSHT de Tunis. Actuellement, elle est chercheure associée à l’Institut des recherches sur le Maghreb contemporain où elle a initié l’Atelier du film de chercheur dans lequel elle accompagne des doctorants en sciences humaines dans la réalisation de films dans leurs thèses. Ses champs de recherche privilégiés sont : le Récit de soi, le Genre, le filmage du réel.