Emna Mrabet (Université de Paris 8, ESTCA), Femmes réalisatrices en Tunisie : une tradition révolutionnaire ?

Résumé de la communication:

Les questions relatives à la condition féminine reviennent de façon récurrente dans le cinéma tunisien et ceci dès son avènement. On peut ainsi évoquer Sejnane (1974) de Abdellatif Ben Amar, Les silence du palais (1994) de Moufida Tlatli, Fatma (2001) de Khaled Ghorbal, Satin Rouge (2002) de Raja Amari. Les femmes réalisatrices ont très tôt été présentes dans le champ cinématographique. Salma Baccar qui a débuté sa carrière dans les années 70 est toujours active et son dernier film El Jaïda (2017) -qui traite de la question féminine-, a réalisé un grand nombre d’entrées lors de sa sortie en Tunisie.

Après une grande phase de stagnation, le secteur du film connait aujourd’hui un nouvel essor et se trouve en pleine mutation grâce notamment à la création du CNCI et à une volonté de restructuration du secteur. On note par ailleurs un réel engouement du public pour les films tunisiens. La présente étude a pour objectif de mettre en lumière, à travers un travail de terrain, la présence et le rôle joué par les femmes dans le secteur cinématographique en Tunisie, d’observer cette activité depuis les dix dernières années afin d’interroger l’impact de la révolution sur la place octroyée aux femmes. Cette étude s’intéressera également aux réalisatrices résidant aujourd’hui en France afin d’observer les interactions qu’elles tissent avec la Tunisie mais également les perspectives que leur offrent leur statut de « femmes de la diaspora ».

Notice biobliographique :

Docteure en cinéma, Emna Mrabet est affiliée au laboratoire Sciences et technologies du cinéma et de l’audiovisuel (ESTCA) de l’université Paris 8 où elle enseigne depuis 2010 notamment en esthétique du cinéma, en réalisation documentaire et en analyse de films (Cinémas du Maghreb et du Moyen Orient).  Elle est l’auteure de l’ouvrage intitulé Le cinéma d’Abdellatif Kechiche : Prémisses et Devenir (Riveneuve, 2016). Elle a également écrit des articles mettant en perspective et en questionnement les spécificités des œuvres du cinéaste Abdellatif Kechiche, notamment, Contestation et défense des droits humains chez les cinéastes Abdellatif Kechiche et Rabah Ameur-Zaïmeche (Studies in French Cinema), La question identitaire chez les cinéastes issus de l’immigration maghrébine (L’Harmattan), Akerman et Kechiche au prisme de la représentation de la sexualité (Nabraska University Press). Elle a réalisé en 2019 le film A l’Aube de nos rêves portant sur la révolution et postrévolution tunisienne, sélectionné au festival Panorama des cinémas du Maghreb et du Moyen Orient, au festival du cinéma méditerranéen de Tétouan ainsi qu’aux Rendez-vous de l’histoire de Blois.

Elle axe actuellement ses recherches sur les cinématographies du Maghreb et du Moyen Orient et sur le cinéma « guérilla ».